MANGER LA VILLE

« Manger la ville, recettes végétariennes à base de plantes sauvages urbaines » de Maurice Maggi, est le nom d’un superbe livre de recettes qu’on vient de m’offrir.

Eh oui, la cuisine sauvage n’est pas réservée à une élite qui a la chance d’habiter la campagne ou d’avoir un jardin.  (Certains n’appelleront pas ça chance, car ce sont des gens de la ville, mais peut-être que cette cuisine là ne s’adresse pas à eux non plus). Depuis quelques années déjà la plupart des villes ont abandonné l’emploi des pesticides, et les restrictions budgétaires diminuent le travail des employés dédiés aux espaces verts. Si l’on regarde bien, et c’est ce que je fais de plus en plus, on se rend compte que les espaces verts, où qu’ils soient, sont moins bien tondus, que de nombreuses « mauvaises herbes » envahissent  trottoirs, espaces verts et « gazons » qui n’en n’ont plus que le nom.

Regardez bien autour de vous , réappropriez vous le sol de cette ville qui est la vôtre (ou les arbres, parce que je vous proposerai aussi des recettes à base de feuilles ou de fruits).

Depuis que j’ai commencé ce blog, faute de temps et un peu faute d’une santé suffisante pour marcher longtemps, je cherche autour de moi ce qui pousse. c’est fou ce qu’on trouve lorsque qu’on regarde autour de soi!

Certes, tout ne peut être cueilli, ou mangé en l’état si c’est cru (pollution de la ville, déjection canines), mais que savons- nous des parcours des fruits et légumes que nous mangeons sans trop nous poser de question ? Par combien de pesticides, d’engrais, de mains sales, de lavages avec des produits douteux ont-ils été souillés ?  Sans doute plus que par la pollutionurbaine, que nous respirons également à longueur de journée, et pourtant nous les passons juste à l’eau froide pour les rincer.

Depuis que je regarde, j’ai trouvé du plantain dans tous les bas d’immeubles ou les devants d’entreprises, de magasins, dans les espaces commerciaux, ou industriels. J’ai vu du bouillon blanc dans les friches et les chantiers de constructions, des pissenlits un peu partout. Des orties bien sûr qui s’invitent dès qu’on a le dos tourné. Des coquelicots et de la mauve dans les ronds points. Des carottes sauvages et de la chicorée le long de presque toutes les routes que j’emprunte. Du pourpier au pied des clôtures des maisons.

Hier, j’étais au cinéma et je me suis garée comme toujours là où c’est gratuit (ça m’oblige à marcher , double bénéfice ;-)…  le long du trottoir et sur l’espace vert du milieu de la grande route (trop polluée certes) il y avait des tas de trésors! Vu la hauteur des herbes, ça devait faire au moins un mois que ça n’avait pas été tondu.

Mais je crois que le mieux pour la ville, ce sont les pistes cyclables. Celles qui longent les routes, et mieux, celles qui empruntent des chemins de traverse. Je les vois s’enfiler dans la ville, au creux douillet de celle-ci dans des espaces restés verts, accompagnées de part et d’autre de fleurs et feuilles qui n’attendent que d’être cueillies et mangées.

Dans les cimetières aussi, on peut trouver de quoi faire des plats… il faut juste passer avant l’employé qui refait tout à neuf.

Et puis, il faut se perdre dans les quartier moins fréquentés, plus verts, où l’on trouvera des jeunes pousses tendres.

Dans chaque ville il y a des espaces, verts, des parcs, des jardins, des zones protégées du béton (j’ai des souvenirs de la braderie de Lille par exemple, où nous avons traversé la ville à pied et coupé par le parc), des rivières dont les berges sont plus sauvages. Si vous avez le droit de cueillir, quoi de plus beau que de se baisser, de couper juste ce qu’il vous faut (souvent ce n’est pas grand chose ) et de cuisiner du « tout frais » et original. Parce que, aussi polluées qu’elles puissent être dans notre tête, les mauvaises herbes de la ville seront toujours bien plus pleines de nutriments que ce que nous mangeons habituellement, même le bio dont les graines ont été travaillées et retravaillées.

Alors, prenez un tout petit peu de votre temps pour faire ce que nous avons tous oublié : regarder autour de nous. Vous verrez, la nature n’a vraiment pas dit son dernier mot.

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